L'élaboration de l'eau de vie d'Armagnac a été distinguée en 2020 par le Ministère de la Culture, cet alcool originaire du Gers alliant à la fois histoire, savoir-faire et traditions. L’origine de cette « eau ardente » remonte au Moyen-Age même si, à l’époque, elle était surtout utilisée comme remède d'apothicaire. Aujourd’hui c’est l’un des spiritueux les plus vendus au monde.
Même si la représentation de vignes sur des mosaïques gallo-romaines pourraient situer le début de la viticulture gasconne à l’Antiquité, cette boisson n’est vraisemblablement apparue qu’après l’arrivée sur le sol européen de l'alambic, l’outil indispensable à la distillation importé par les musulmans au Moyen-Age.
Initialement au service de la médecine avec la fabrication de remèdes ou d'huiles essentielles, l’objet est progressivement utilisé pour la production de cette aqua vitæ obtenue par fermentation ou macération de fruits, céréales ou noix.
En 1310 les vertus de cet alcool sont évoquées dans un traité de médecine et on trouve des traces de sa vente sur les marchés d’Occitanie au 15ème siècle mais encore en qualité de breuvage curatif.
Après la découverte des bienfaits de son vieillissement en fût de chêne au 18ème, ce qui lui donne cette caractéristique couleur ambrée et sa complexité aromatique, la boisson prend véritablement son essor dans 3 départements français : le Gers, les Landes et le Lot-et-Garonne. Plus précisément c’est la province d’Armagnac, située entre la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie, qui se spécialise dans cette production à laquelle elle donne son nom.
Au 19ème siècle l’Armagnac s’exporte à travers l’Europe grâce aux négociants hollandais et se décline progressivement en 3 appellations désormais issues de la distillation du vin blanc.
Ces déclinaisons sont propres aux caractéristiques des sols de la région : plutôt sablonneux et acides à l’ouest ils donnent le Bas-Armagnac, les sols argilo-calcaires du centre produisent eux le Ténarèze et l’appellation Haut-Armagnac est issue des terres calcaires de l’est. Aux spécificités géologiques s’ajoutent celles de 4 principaux cépages : la folle blanche, l’ugni blanc, le baco 22A et le colombard.
Des combinaisons permettant d’obtenir toute une gamme d’eaux de vie plus ou moins légères, fruitées ou corsées avec, toujours, des arômes d’agrumes ou de fruits exotiques et des notes épicées ou vanillées.
Distillé entre novembre et mars, l’Armagnac est généralement apprécié en apéritif (pur ou dans un cocktail), pour célébrer des instants d’exception ou en digestif. Dans tous les cas c’est un alcool qui se déguste en prenant son temps, condition nécessaire à la libération de ses - au moins - 40 vertus listées par Vital Dufour au 14ème siècle. Le prieur de la ville d’Eauze (Gers) louait notamment le fait que cet alcool « aiguise l'esprit, arrête les larmes de couler, guérit les hépatites ou encore donne de l'audace au timide ».
Un véritable trésor gascon qui, malgré le succès mondial, reste un produit artisanal élaboré en petite quantité et qui, consécration ultime, a donc rejoint en octobre 2020 le fest-noz breton et la baguette de pain dans la prestigieuse liste du Patrimoine Culturel Immatériel de France.
Valérie de Comme des Français
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