L’image de l’obus pénétrant dans l’œil de la Lune fait partie de la mémoire collective mais son auteur reste assez méconnu. Georges Méliès tient pourtant une place majeure dans l’histoire du cinéma en ayant été, peu de temps après l’invention des frères Lumière, le 1er à amener le 7ème art vers la fiction et les effets spéciaux. Un hommage est enfin rendu à ce génial précurseur à la Cinémathèque française à travers le nouvel espace du Musée Méliès.
On descend tous de Méliès !
Les univers plein de rêve et de magie de Burton et del Toro, les inventifs effets spéciaux de Lucas, Spielberg et Cameron ou encore les poétiques bricolages de Gondry ou Anderson : en mariant science et magie et en explorant le nouvel imaginaire offert par le cinématographe, Méliès a défriché tout ce qui fait encore aujourd’hui du cinéma l’art le plus populaire du monde.
A la fois virtuose de la technique (on lui doit l’invention du studio de cinéma et il possédait son propre laboratoire de tirage), Georges Méliès était aussi un artiste complet : scénariste, décorateur, costumier, acteur… Il gérait tout sur les 520 films qu’il a réalisé, même la production et la distribution !
En expérimentant sans cesse, cet inventeur d’un nouveau genre a notamment légué à ses successeurs reconnaissants - comme Martin Scorsese qui rend hommage à son génie créatif dans son film Hugo Cabret - des connaissances en mise en scène (narration, arrêts de caméra, fondus-enchaînés, astuces de montage…) et en effets spéciaux (pyrotechnie, maquettes animées, surimpressions, bruitage…).
Il était donc plus que temps qu’un musée soit enfin consacré au précurseur du cinéma moderne !
La Cinémathèque possède d'incroyables collections : appareils pionniers dans l’histoire des images animées comme des lanternes magiques, boîtes à images et vues d’optiques des 18 et 19ème siècles, maquettes, costumes et décors de films mythiques (le manteau du Grand Budapest Hôtel pour ne citer que lui) ou encore des manuscrits d’œuvres majeures (par exemple les storyboards originaux du 1er Star Wars).
Avec le Musée Méliès, ces précieuses archives se sont vues enrichies de pièces exceptionnelles liées au l’inventeur de la féérie cinématographique : sa table et cape de magicien, une maquette de son studio et de l'aéronef à tête d'oiseau du Voyage à Travers l'Impossible, sa caméra, de nombreux dessins originaux et près de 150 photographies. Les 300 nouveaux m2 consacrés au cinéaste français offrent enfin à voir ses films, les plus connus bien sûr mais aussi, parmi ceux qui nous sont parvenus (environ la moitié seulement de son œuvre très prolifique) des beaucoup plus rares à découvrir.
Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie,
sans un peu de rêve ?
Même si le Musée Méliès permet de plonger dans la préhistoire du cinéma, il n’en oublie pas les nouvelles technologies du son et de l’image avec, notamment, 2 casques de réalité virtuelle (conçus par Ubisoft) invitant à entrer dans le studio de Georges Méliès ou un "jukebox des effets spéciaux" permettant de découvrir tous ceux qu’il a inventés et comment ils ont été, depuis, perfectionnés par d'autres réalisateurs.
Une exploration merveilleuse, amusante et interactive s’adressant aux cinéphiles comme aux amateurs qui pourront, plus de 80 ans après sa mort, s’émerveiller de l’audace du poétique illusionniste dans un bâtiment créé par un autre grand créateur, l’architecte contemporain Franck Gehry.
Valérie de Comme des Français
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Crédits photo : ©Musée Méliès ©La Cinémathèque française
