Ernest Pignon-Ernest est l'un des précurseurs de l'art urbain dans le monde. Bien avant Banksy ou JR, il a créé à partir des années 70 des images engagées faisant parler les murs des grandes villes avec, souvent, des représentations humaines grandeurs nature en noir et blanc ne laissant pas indifférent.
Né en 1942 à Nice dans une famille modeste (père employé des abattoirs et mère coiffeuse), le plasticien vit aujourd’hui à Paris. A 12 ans, il a une révélation lorsqu’il découvre Picasso puis, plus tard, Le Greco et Bacon. Pour éviter d'être confondu avec le peintre Édouard Pignon, il adopte son nom d'artiste lorsqu’il se lance dans la création de ses 1ères images éphémères sur des cabines téléphoniques de Paris ou des murs publics avec, déjà, l’objectif de « réveiller les mémoires ».
Son travail est en effet très politique, ses dessins charbonneux dénonçant les guerres, la xénophobie, les injustices, les atteintes aux droits humains… L’artiste engagé est également connu pour ses portraits de personnages célèbres (musiciens, écrivains, poètes) dont celui, iconique, de Rimbaud. Initiateur, avec Daniel Buren, de l’art urbain français, Ernest Pignon-Ernest considère que son œuvre ne se visite pas au musée mais qu’elle doit se vivre dans la rue où elle fait écho aux événements qui s'y sont déroulés.
J’utilise le temps, l’espace, la mémoire. J’essaie de faire de la rue une œuvre, alors que la plupart des gens du street-art font de la rue une galerie, un lieu d’exposition.
Réalisées au fusain, à la pierre noire et avec des gommes crantées de différentes épaisseurs (pour façonner les ombres), les affiches d’Ernest Pignon-Ernest peuvent être peintes, dessinées ou sérigraphiées avec toujours pour objectif de se fondre dans l'architecture urbaine. L’une de ses plus célèbres créations est par exemple celle de Pasolini représenté tenant son propre corps dans ses bras. Elle est visible depuis 2015 sur les murs de Rome, près de la plage où le réalisateur et poète italien controversé a été assassiné.
En amont de la création, l’artiste avant-gardiste observe en effet minutieusement un lieu, généralement choisi car chargé d’histoire et de sens : couleurs, lumières, symbolique, qualité des murs… pour lui l’endroit fait partie intégrante de l’œuvre et en est totalement indissociable.
Mondialement connu, ce pionnier humaniste du street-art a été exposé à plusieurs reprises un peu partout sur la planète et encore récemment (2020) dans un lieu atypique : la grande chapelle du palais des papes à Avignon où 400 de ses œuvres étaient mises en avant. Pour voir d’autres oeuvres de ce génial créateur à qui les street-artists d’aujourd’hui doivent tant, rendez-vous sur ce site.
Valérie de Comme des Français
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Crédits photo : © Ernest Pignon-Ernest / Courtesy Galerie Lelong & Co.
Nom des œuvres : 1) Pasolini assassiné - Si je reviens - Roma/Trastevere, 2015. 2) Portrait d’Ernest Pignon-Ernest © Fabrice Gibert Galerie Lelong & Co. 3) Rimbaud, 1978/2018. 4) Marché de Warwick, 2003. 5) La Commune, 1971. 6) Parcours Genet - Brest, 2006.
