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Entre mode et expression de soi

Si pendant très longtemps le fait de couper, attacher ou habiller ses cheveux répondait à des impératifs surtout pratiques, depuis au moins le 18e siècle la coiffure est un art au service de l’affirmation de soi. Des spectaculaires "poufs" de Marie-Antoinette aux cheveux longs du chanteur hippie Antoine en passant par la révolutionnaire coupe à la garçonne, c’est également un véritable marqueur dans la culture française.

Une dimension culturelle

Naturel ou artificiel, symétrique ou dissymétrique, lisse ou frisé, long ou court…

Le type de coiffure d’une personne en dit beaucoup sur elle et cette unique partie du corps totalement visible et modifiable est d’ailleurs utilisée depuis longtemps comme un mode d’expression, d’affirmation de son statut social ou encore comme rite de passage :

  • Il est par exemple d’usage de couper les cheveux d’un enfant lorsqu’il entre à l’école maternelle.
    À l’adolescence, l’émancipation passe souvent par un rejet des coupes traditionnelles et, lors de l’entrée dans la vie active, rares sont les rebelles à conserver les cheveux longs ou les teintures excentriques.
  • Des paysans aux bourgeois, des ouvrières aux aristocrates, la coiffure rattache également depuis longtemps à un statut social.

En effet, les modes de vie de ces différentes castes produisent des coupes directement liées au temps et aux moyens qu'elles peuvent consacrer à leur chevelure.

  • Cette manière de se présenter aux autres a été renforcée dans sa dimension sociale avec l’émergence des salons de coiffure au 19e siècle.

    Comme l’emblématique bistrot, ce commerce de proximité est en effet un important lieu de sociabilité mais aussi d’affirmation de sa personnalité : de la dernière tendance inspirée d’une star comme Marion Cotillard au « coiffé/décoiffé » typiquement français, les clients peuvent aujourd’hui suivre les modes ou au contraire se démarquer grâce aux coiffeurs qui, en France, représentent la 2e plus importante activité artisanale.

75% des Français considèrent que leur coiffure
influence directement leur confiance en eux.

Source : étude OpinionWay

Mais aussi un aspect psychologique

Si l’on va principalement chez le coiffeur pour se couper les cheveux, cet acte n’est pas uniquement pragmatique :

  • C’est aussi un moment où l’on s’occupe de soi : on se détend, on déconnecte et on discute avec ce commerçant qui peut devenir un véritable confident.
  • De nombreux coiffeurs témoignent d’ailleurs que leurs clients viennent souvent les voir lorsque leur estime de soi est en berne. À lui alors de trouver le soin (teinture, nouvelle coupe, mèches…) qui les aidera à reprendre un peu confiance en eux.
  • À propos d’affirmation de soi, on constate aussi souvent un changement de coiffure lorsqu’une femme politique obtient un poste important. Les cheveux longs sont remplacés par une coupe courte (Elisabeth Guigou, Ségolène Royal) ou les boucles longues sont relevées pour traduire une volonté d’être mieux écoutée et prise au sérieux (Marlène Schiappa).

Je fais ce que je veux avec mes cheveux

Ce célèbre slogan publicitaire illustre bien le rapport des Français avec le geste esthétique de se coiffer. Dans le pays de l’élégance, la sobriété et le raffinement sont particulièrement appréciés mais le peuple français, fidèle à son esprit iconoclaste, aime aussi innover dans cet art capillaire. Ce fut notamment le cas à travers ces époques :

  • 18e siècle : Louis XIII lance la mode des perruques (initialement pour cacher sa calvitie précoce et ne pas nuire ainsi à son image publique). Ces postiches de plus en plus sophistiqués sont ensuite adoptés par toute la cour et jusqu’en Angleterre par le roi Charles II.
  • 19e siècle : après la révolution, les cheveux longs sont à la mode (une manière d’oublier le sort réservé aux guillotinés dont on dégageait totalement la nuque avant le couperet fatal ?). Sous l’influence des impératrices européennes, les Françaises se laissent ainsi pousser les cheveux jusqu'aux épaules et plébiscitent les chignons, d'abord inférieurs puis supérieurs, ou les longues tresses laissant apparaitre quelques boucles autour du visage.
  • 20e siècle : les femmes sont enfin autorisées à découvrir leurs oreilles et leur cou, un signe d’émancipation notamment initié par les suffragettes, les actrices de théâtre ou, dans les années 1920, par l’héroïne du roman La Garçonne. Véritable scandale, le livre de Victor Margueritte popularise la coupe courte du même nom adoptée, entre autres, par Coco Chanel.

Les décennies suivantes voient les cheveux se rallonger progressivement, les comédiennes jouant toujours un rôle d’influenceuse avec des coupes mi-longues plus ou moins volumineuses et des mèches contenues ou détachées comme chez Simone Signoret ou Michèle Morgan.
Ce retour au long atteint son apogée avec Brigitte Bardot et sa célèbre queue de cheval haute dont le côté très sage et classique est contrebalancé par un savant effet ébouriffé ou par quelques mèches négligemment attachées.

Démocratisation des colorations (années 70), engouement pour les coupes déstructurées (comme la fameuse coupe mulet) dans les années 80 : oscillant toujours entre classicisme et modernité, chaque époque apporte ses tendances capillaires plus ou moins éphémères. Plus récemment, c’est le concept de "coiffure-maquillage" qui est apparu dans le salon de coiffure Camille Albane. Un service complet incluant des conseils, des techniques et des soins sur mesure pour permettre à chaque cliente d’exprimer sa personnalité.

Alliance entre salon de coiffure & salon de beauté, cette approche élargie de l’art capillaire illustre bien que, en France, ce secteur s’adapte toujours à l’air du temps et que la coiffure est un véritable art de vivre.


Valérie de Comme des Français
 

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