Avec la gastronomie, la haute couture contribue à l’attractivité touristique de la France et, bien après son développement sous l’ancien régime, ce savoir-faire reste très actif avec notamment l’incontournable Fashion Week offrant chaque année de la visibilité à un artisanat devenu un art à part entière.
Si la Haute couture telle qu’on la connaît aujourd’hui est née au 19ème siècle, l’excellence française dans ce domaine remonte au 17ème. C’est en effet dans les palais royaux et princiers que la fabrication et l’embellissement de vêtements fastueux se développe et on peut considérer Marie Antoinette comme la 1ère lanceuse de mode de l’histoire.
Bénéficiant de corporations regroupant 6 corps marchands d’excellence depuis le Moyen Age (draperie, épicerie, mercerie, pelleterie, bonneterie et orfèvrerie), Paris est dès le départ l’épicentre de ce savoir-faire français alors représenté par des Marchands de mode. Ancêtres des créateurs d’aujourd’hui, ils ont le titre de « Ministre des modes » (comme Rose Bertin sous Louis XVI) ou de fournisseur attitré de l’Empire (Hippolyte Leroy pour l’Impératrice Joséphine).
La mode est pour la France ce que les mines d'or
du Pérou sont pour l'Espagne.
Avec la Révolution française, la disparition de la noblesse entraine celle de ces marchands/influenceurs mais leurs collaboratrices couturières continuent d’exercer leurs sophistiquées compétences en répondant à des commandes sur mesure. C’est à elles que l’on doit l’avènement progressif des maisons de haute couture dont le statut, juridiquement protégé depuis 1945, n’existe qu’à Paris. Pour obtenir celui-ci, le couturier en chef doit être parrainé par un de ses pairs et respecter strictement plusieurs critères comme la production manuelle, sur place et par un nombre minimum d’employés, l’unicité de pièces sur-mesure ou encore la réalisation de 2 défilés par an.
Bien avant cette appellation contrôlée, le secteur prend son essor à l’ère industrielle, les dames de la haute société européenne profitant du développement du chemin de fer pour venir à Paris acheter des tenues et accessoires auprès des réputés tailleurs français. Dans les années 1890, ces modistes deviennent alors des lanceurs de tendance et contribuent à démocratiser la haute couture, aidés par les 65 000 couturières travaillant alors dans la Capitale. Parmi ces personnages ayant posé les bases de la profession : un Anglais ! Et oui, c’est Charles-Frederick Worth qui le 1er adopta certaines pratiques encore d’actualité : création de modèles inédits inspirés de registres de dentelle et broderie, présentation incarnée des tenues sur des mannequins défilant dans de luxueux salons, utilisation des progrès techniques de l’époque (comme les coloris industriels). Initialement spécialisé dans les robes de bal, Worth est également celui qui fit du vêtement un produit de luxe en le proposant à un prix bien supérieur à son coût de revient.
Si l’Anglais était un pionnier a bien des égards, ce n’est pas lui qui révolutionna la silhouette féminine en la libérant des corsets ou crinolines. Pour cela il faudra attendre que Gabrielle Chanel fasse son entrée dans ce monde en 1909, la simple modiste suivant alors les pas de ses pionniers prédécesseurs comme Madeleine Vionnet, Paul Poiret ou Jeanne Paquin, la première grande star de la mode française. Depuis de nombreux autres créateurs ont bénéficié d’une renommée mondiale comme Christian Dior, Yves Saint Laurent, Pierre Cardin, Christian Lacroix ou, plus récemment, Jean-Paul Gaultier. Autant de noms associés à des maisons de haute couture toujours en activité même si désormais ce sont principalement leurs accessoires et parfums qui les font vivre économiquement.
Indémodable par contre : le fait que ces maisons continuent de donner le “la” en matière de style, faisant ainsi des modes vestimentaires de précieux témoins de notre histoire.
Valérie de Comme des Français
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