Le Sicilien Francesco Procopio dei Coltelli ne se doutait sûrement pas que, plus de 3 siècles après son ouverture son café existerait encore ! Le Procope lui a pourtant largement survécu en étant, notamment entre les 17ème et 19ème siècles, le rendez-vous des plus grands artistes et intellectuels. Devenue un restaurant en 1890, cette adresse parisienne est absolument incontournable pour les passionnés d’histoire et de patrimoine.
Ce café n'est point orné comme les autres […], mais il est paré du souvenir des Grands Hommes qui l'ont fréquenté […].
Benjamin Franklin y rédigea des éléments de la future Constitution des États-Unis, Verlaine quelques-unes de ses proses et Diderot des articles de l’Encyclopédie (qui, selon la légende, y naquit à la suite de ses échanges avec d'Alembert).
Attirant tant les intellectuels que les hommes politiques (Anatole France, Gambetta et Colbert l’ont notamment fréquenté), ce café idéalement placé - à sa création en 1689 - à la sortie de l’ancienne comédie française devint, à la fin du 18ème siècle, le centre actif de la Révolution française, on y porta d’ailleurs pour la 1ère fois le bonnet phrygien. Danton y venait en voisin, Marat y lançait (via un câble raccordé à son imprimerie située juste à côté) l’édition de ses 1ères gazettes et le club des Cordeliers s’y réunissait autour de Robespierre.
Au 19ème siècle c’est une révolution artistique qui s’y trame : les Romantiques George Sand, Musset et Théophile Gautier s’y retrouvent pour échanger et cette tradition littéraire se poursuit encore aujourd’hui avec, depuis 1954, la cérémonie annuelle de remise des prix de l'Humour noir et, depuis 2011, le prix Procope des Lumières (présidé par Jacques Attali) récompensant un essai politique, philosophique ou sociétal.
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 recouvrant les murs de l’une de salles, les portes des toilettes indiquant « Citoyen » et « Citoyenne » et le papier peint (de 1830) estampillé « Liberté, Égalité » sont autant de vestiges des naissances sur place de la Révolution et de la République. Côté Empire, la bicorne de Napoléon trônant dans l’entrée reste un élément fard du café, tout comme la table de Voltaire qu’il utilisa comme bureau pendant des années et servi d'autel votif lors du passage de ses cendres vers le Panthéon en 1794.
Avec ses murs rouge pompéien, ses lustres en cristal et les portraits ovales de ses illustres clients, le Procope vaut également le coup d’œil pour son architecture et sa décoration, son toit et ses balcons en fer forgé de la devanture étant inscrits aux monuments historiques.
Indémodable, le Procope attire encore aujourd’hui des personnalités médiatiques, littéraires et politiques aimant s’y montrer mais aussi des touristes, français ou étrangers, aimant plonger dans l’histoire de France tout en dégustant un bon repas (la carte restant, malgré le prestige du lieu, abordable). Pour en savoir plus.
Valérie de Comme des Français
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