Environ 90 millions de visiteurs découvrent chaque année la France et, bien souvent, ils sont assez perplexes face au comportement de ses habitants. Rapport à la nourriture, spécificités du langage, comportements déroutant… Retour sur quelques spécificités tellement françaises.
Si dans la plupart des pays le fait de s’embrasser sur la joue relève de la sphère intime, en France il est de coutume de faire la bise à toute personne avec laquelle on interagit. Même si l’on vient tout juste de la rencontrer, on ne se contente pas d’un simple bonjour, d’un discret signe de la main ou d’un hug mais on privilégie l’embrassade (notamment lorsqu’il y a des femmes) ou, a minima, la poignée de mains (plutôt entre hommes). Sûrement un héritage de la culture méditerranéenne, globalement assez tactile, comme nos voisins italiens peuvent le confirmer.
Cette proximité physique a néanmoins de quoi dérouter, surtout que, selon les régions, le nombre de bises varie. De 1 à 4, en démarrant par la joue gauche ou droite, seulement pour dire bonjour ou également pour se saluer en partant… il y a vraiment de quoi perturber les étrangers mais, qu’ils se rassurent, les Français sont souvent eux aussi perdus face à toutes ces variantes.
Fortement associé aux Français, le fait de (beaucoup ?) raler tend à les rendre antipathiques alors que - c’est prouvé - exprimer son mécontentement est bon pour la santé. Faire constamment preuve de self-control augmente en effet le rythme cardiaque là où le fait d’évacuer sa frustration par la parole augmente l’espérance de vie. D’ailleurs les Français ont, avec les Italiens et les Espagnols – autres peuples au fort caractère et sang chaud - la meilleure longévité de vie en Europe (plus 2 ans par rapport aux Britanniques). Pas un si vilain défaut finalement, si ?
Conséquence directe de cette propension à ne pas se satisfaire du minimum ? Après les mots c’est souvent en descendant dans la rue que les Français expriment leur mécontentement. Héritage direct de décennies de lutte, que ce soit pour une plus grande justice sociale ou de meilleures conditions de travail, faire la grève donne aux Français une réputation de rebelles dans le monde entier mais cela paye.
En effet, ne considère-t-on pas que la France est l’un des pays où il fait le plus bon vivre grâce, notamment, à ses généreux congés payés et son protecteur système de santé ? Et oui, comme on dit ici, on a rien sans rien.
Les Français ont une telle façon gourmande d'évoquer la bonne chair qu'elle leur permet de faire entre les repas des festins de paroles.
Petit-déjeuner, déjeuner, goûter, apéritif, dîner, digestif… En France chaque journée est rythmée par le plaisir de manger. Contrairement à de nombreux pays, ici hors de question de se contenter d’avaler un sandwich en travaillant ou de zapper le petit-déjeuner. Un repas digne de ce nom se compose d'ailleurs d’une entrée, d’un plat et d’un dessert afin de profiter de la grande richesse de la cuisine française mais, cela aussi est très typique, d’avoir le temps de discuter… de nourriture ! Contreproductif ? Et non : malgré tout ce temps passé à table, les Français ont un des meilleurs taux de productivité au monde. Une efficacité peut-être dû aux vertus de 2 produits particulièrement plébiscités ici ? Le fromage qui est, quasiment, apprécié à la fin de chaque repas (comment sinon rendre hommage aux plus de 2 000 recettes locales et justifier que, dans chaque frigo français, ce produit laitier ait un tiroir dédié ?) et le vin qui, grâce à une offre également très riche et variée, se décline subtilement selon les mets.
Et bien sûr, un bon repas français ne saurait se faire sans du bon pain, enfin si celui-ci n’a pas préalablement été dévoré en sortant de la boulangerie, notamment le croûton de la baguette auquel il est, objectivement, difficile de résister. Autre spécificité : il est fréquent de demander un type de cuisson particulier à son boulanger préféré, les goûts allant du pain bien cuit à simplement doré.
A propos de boulangerie, pour le petit-déjeuner il est ici coutume de se régaler de produits sucrés et non salés. En même temps comment résister aux croissants, pains au chocolat ou chaussons aux pommes dont le parfum se marie parfaitement au jus d’orange et au café pour commencer, en douceur, la journée ?
D’ailleurs, autre particularité française, le café se boit plutôt… dans un bol ! Et oui, le mug ne fournit sûrement pas assez de quantité du précieux breuvage vivifiant et les tasses sont, majoritairement, utilisées pour le thé.
Saviez-vous que la France détient le plus grand nombre de ronds-points au monde ? On en dénombre pas moins de 30 000, une vraie spécialité qui surprend souvent les étrangers parcourant nos routes et dont l’absence ailleurs perturbe encore plus les Français : comment faire en effet pour changer de direction facilement ou inviter, tout en douceur et en admirant un terreplein souvent joliment décoré, à réduire sa vitesse avant d’entrer dans une ville* ? Vous êtes sûrs que ce n’est pas plutôt ailleurs qu’il n’y aurait pas assez de ronds-points ?
Une fois arrivés dans l’une des 35 000 villes françaises, une autre chose surprend souvent les visiteurs : l’hyper segmentation de nos commerces et le fait que, dans la 1ère destination touristique mondiale, ils soient souvent fermés tous les dimanches et pendant un mois en plein été.
* Quand on sait que, bien souvent, les Français n'attendent pas le bonhomme vert pour traverser ceci explique peut-être cela ?
Boucherie, boulangerie, poissonnerie, fromagerie, caviste, primeur… : là où la tendance globale est à la vente groupée de produits dans un même endroit, en France on apprécie d’avoir des commerçants spécialisés dans la commercialisation d’un seul type de bien, surtout s’il est d’ordre alimentaire. Bon par contre il vaut mieux anticiper ses courses pendant la saison estivale car, bien souvent, ces ambassadeurs de la gastronomie française sont, eux aussi, en congés…
La langue de Molière, aussi imagée que complexe, possède de nombreuses expressions ou proverbes difficilement compréhensibles par des non Francophones. Exemples : La cerise sur le gâteau, Avoir du pain sur la planche, Pleurer comme une madeleine, Tomber dans les pommes, Raconter des salades… Vous noterez que bien souvent ces phrases ont un lien avec la nourriture, pas très étonnant au pays de la gastronomie mais, forcément, un peu déroutant pour les étrangers n’ayant pas les clés pour les comprendre.
Autre sujet rendant particulièrement perplexe les visiteurs : le vouvoiement. Comme si donner un genre aux objets ou aux animaux n’était pas assez compliqué, la langue française a en plus cette spécificité difficilement appréhendable par quelqu’un n’ayant pas vécu toute sa vie en France. Comment en effet déceler quand le « tu » ou le « vous » est le plus approprié alors qu’il n’y a pas véritablement de règles ?
Cadre professionnel ou amical, différence de statut social, âge des personnes… en fait le vouvoiement s’applique, ou non, selon des cas de figure très variés et, surtout, selon la personnalité de chacun.
Subtil donc mais, en contrepartie, cela offre des moments privilégiés comme par exemple lorsque deux personnes, après s’être longtemps vouvoyées, passent au tutoiement. Un gage de rapprochement et de proximité qui donne tout son charme à cette drôle de coutume.
Autre gage de bonne intégration française, le fait d'adopter les différentes onomatopées ponctuant très souvent - uniquement oralement - les échanges : blablabla, hop, aïe, bof, boum, chut, ...
Assez fréquent également, l'usage de "mots" venant appuyer une impression (ouf, oh là là, pff..) ou les termes "du coup" devenus, ces dernières années, un tique de langage très répandu.
En conclusion, même si ces différentes traditions peuvent dérouter, elles participent au fameux « mode de vie à la française » qui attire le monde entier dans notre beau pays. Pas sûr que cela incite donc les Français à changer, surtout qu’ils sont - oui cela peut sembler paradoxal - souvent réfractaires au changement 😊.
Valérie de Comme des Français
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