Quand on pense à la Bretagne, de belles côtes maritimes et une gastronomie (très) beurrée viennent plus spontanément à l’esprit que cet art urbain généralement associé aux grandes villes. Le vaste territoire celte est pourtant une place forte de ce mouvement passé de la culture underground à la respectabilité sur le marché de l’art. Une occasion supplémentaire d’aller prendre l’air dans cette inspirante région.
C’est dès les années 1980 que le street-art apparait en Bretagne. Comme ailleurs, ce mouvement né dans le sillage du hip-hop transforme progressivement les rues en un nouvel espace d’expression artistique où expérimentations techniques - pochoir, anamorphose, collages, mosaïques, fresques géométriques… - et messages politiques cohabitent pour le plus grand plaisir des passants.
Si les maires mirent plus de temps à considérer cette discipline artistique comme un vecteur d’embellissement urbain, les œuvres de ces créateurs font aujourd’hui partie intégrante du patrimoine local. Elles s’intègrent d’autant mieux dans l’environnement qu’elles privilégient généralement des thèmes en lien avec la région : nature et animaux ou architecture, traditions et histoire bretonnes.
Fidèle à l’une des composantes clé de cet art s’inscrivant toujours dans des réflexions contemporaines, elles arborent aussi souvent des messages militants comme c’est le cas avec le créateur WAR! Considéré comme le Banksy français, celui dont le blaze provient d’une chanson de Bob Marley préserve farouchement son anonymat, crée toujours de manière nocturne et privilégie les thèmes écologiques. Toujours masqué, il signe ses œuvres peuplées de poissons, hérons, coqs… d’un coquelicot devenu sa marque de fabrique.
Si 2 artistes de renom, Leon Keer et Wild Drawing, ont permis à la Bretagne de gagner 2 Golden Street Art Awards pour leur travail à Morlaix (ville des Côtes d’Armor organisant depuis 2019 le festival Arts Tour), ils sont loin d’être les seuls à faire vivre la scène artistique régionale. On trouve ainsi notamment des créations inspirées dans ces villes :
Rennes
La capitale bretonne est aussi celle du street art avec de nombreuses oeuvres présentes sur des murs, des ponts des bords de la Vilaine et sa véritable galerie à ciel ouvert le M.U.R. Dans le chef-lieu du département d’Ille-et-Vilaine organisant plusieurs festivals autour de l’art urbain (Teenage Kicks, Art Rennes Street Art Festival, Les Tombées de la Nuit), le travail du graffeur Héol ou celui des artistes Brez, Ali ou encore Deuxben De Rennes émerge notamment.
Lorient
Depuis plusieurs décennies, le Morbihan inspire aussi beaucoup les créateurs qui, dans l’argoat (terres intérieures en breton) ou le long du littoral, redonnent de la visibilité à des blockhaus ou à des façades de mairies, collèges, maisons, gymnases… Voici notamment 2 fresques monumentales à admirer aux alentours de la 3e plus grande ville de la région.
Moker Crew / Quéven
Cette commande de la ville faisant pas moins de 150 m2 est un concentré d’art urbain (références à la pop culture, couleurs punchy…) mais elle a une particularité : le fait d’avoir été collectivement créée par des membres d’un même Crew. Une fresque XXL habillant le complexe sportif du Ronquédo que l’on doit à Dino, Aize, Jone, Mites, Sdem, Malik, Lez, Samp et Seed.
Jef Aérosol / Ploemeur
C’est sur la façade de la Mairie que cette œuvre du pionnier du pochoir s’affiche depuis 2022. Intitulée « Une gorgée d'azur », elle s’inscrit parfaitement dans l’univers breton avec son personnage portant un tee-shirt marin et, preuve de l’interdisciplinarité au cœur de cet art contemporain, met en avant des vers du poète Bernard Perroy.
Pour aller plus loin
Brest, Quimper et Landerneau (Finistère), Saint-Malo et Redon (Ille-et-Vilaine) ou encore Paimpol (Côtes d’Armor) : ces autres villes bretonnes proposent aussi de voir des œuvres d’artistes majeurs sur leurs murs et confirment que, dans les 4 départements de la région Bretagne, cet art gratuit et populaire est le bienvenu.
Bonne balade.
Valérie de Comme des Français
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On reste en Bretagne avec des articles
Crédit photo (dans l’ordre d’apparition des œuvres) :
La Tribu d’Anaximandre (Blockhaus) / ©Julien Mignot (WAR! - Héron) / ©Graff (Aero - Le vieil homme et la mer) / Monique Sammut (Olivier Chaos - Rennes MUR5) / ©Alain Amet (SETH – MUR de Rennes) / ©moker-crew (complexe sportif du Ronquedo à Quéven) / ©g-caudal (Jef Aérosol - Une gorgée d’azur).
