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PICTO ARTISTE Created with Sketch.

Un mode d’expression artistique aujourd’hui reconnu

Le street art est par essence éphémère mais la carrière de quelques-uns de ses représentants français ne l’est pas comme le démontre, notamment, le succès mondial de JR ou Invader. Au moment où cet art urbain est enfin considéré comme une expression artistique à part entière, retour sur 6 figures hexagonales emblématiques.

De la poésie dans la ville

Peinture murale, collage, pochoir, mosaïque, sticker, trompe-l'œil… ce mouvement artistique né à la fin du 20ème aux Etats-Unis a progressivement aboli les dogmes et canons de pratique de l’art mis en place pendant des siècles en mélangeant les genres et techniques et, c’est sûrement là sa plus grande transgression, en utilisant la ville comme un musée ouvert à tous.

Très éclectique et sans cesse réinventé, il est désormais mondialement reconnu comme un art à part entière grâce (entre autres) à des artistes comme Banksy mais saviez-vous que l’un des pionniers de cette discipline est français ? Bien avant le mystérieux anglais, Ernest Pignon Ernest a en effet dès les années 70 investit l’environnement urbain en habillant de silhouettes interpellantes (toujours en noir et blanc) des lieux de passage. Le travail de JR s’inscrit dans cette continuité mais d’autres artistes peuvent être considérés comme ses héritiers directs.

Un mur est une arme redoutable. C'est l'une des plus dangereuses avec laquelle vous pouvez frapper quelqu'un.

Banksy

JR
Dans l’ADN de cet art longtemps illégal, l’environnement et le contexte de création d’une œuvre sont prédominants comme l’illustre le travail de JR : ses installations géantes, des portraits d’inconnus en noir et blanc ou de spectaculaires trompe l’œil collés sur de célèbres bâtiments, visent en effet à renouveler le regard du public sur un endroit et, comme un fil rouge à l’ensemble de son travail, à transmettre des valeurs humanistes au plus grand nombre. De New York à Hong Kong, d'Amsterdam à Berlin, il est aujourd’hui l’un des artistes français - toutes disciplines artistiques confondues - le plus célèbre au monde.

Jef Aérosol
Parmi les précurseurs, on trouve également cet artiste dont l’œuvre la plus connue est certainement la grande fresque située à côté du Centre Pompidou et représentant, sur 350m2, un homme faisant “Chuuut”. Nantais d’origine, Jef Aérosol travaille lui aussi dans le monde entier en peignant sur les murs des portraits de célébrités (Frida Kahlo, Jean-Michel Basquiat…) et notamment de chanteurs, la musique nourrissant son approche créative. A l’opposé des stars, il rend également souvent hommage aux « oubliés », ses pochoirs représentant des enfants et des sans-abris étant aujourd’hui très connus et côtés sur le marché de l’art.

Miss Tic
On reste avec les pionniers du street art français avec cette légende de la scène parisienne. Depuis les années 80, ses pochoirs mettant en scène des femmes libres, souvent séductrices et parfois provocatrices, habillent en effet les rues de la capitale de messages féministes.

Graphiquement les silhouettes de Miss Tic sont rapidement identifiables avec leur traitement en noir et blanc et, dans une typographie bien spécifique, des expressions toujours interpellantes. Si son travail a longtemps été dénigré car jugé « mineur », il a désormais les honneurs de rétrospectives au Victoria and Albert Museum de Londres ou à l'Ambassade française de Singapour.

Invader
A l’instar de Banksy, l’identité précise du fameux Invader demeure mystérieuse. Une discrétion qui lui permet, depuis 1996 et toujours de nuit, d’envahir les murs de Paris et d’ailleurs avec ses mosaïques à base de pixels colorés, référence directe au jeu vidéo japonais Space Invaders. Echappés des bornes d’arcade, ses petits personnages revisitent ainsi la pop culture en s’affichant, toujours en hauteur, dans les angles des immeubles du monde entier.

Combo ck
Combo Culture Kidnapper a depuis ses débuts, dans les années 2010, une approche engagée avec ses installations critiquant souvent la politique et la religion. Ancien directeur artistique dans la publicité, ce fils d’un père libanais chrétien et d’une mère marocaine musulmane prône en effet la paix entre les peuples et ses œuvres visent à éveiller les consciences : par exemple en 2013 il a collé des pages Google censurées par le Parti dans les rues de Hong Kong et, en 2017, il a parodié les affiches de campagne des candidats à l’élection présidentielle française.

Celles-ci étaient alors (re)habillées de personnage de BD ou de dessin animé (le Schtroumpf grognon, Pinocchio…) et de slogans à l’humour mordant comme, par exemple en rebond à l’affaire Fillon, « Jiminy Cricket n’a jamais été mon assistant parlementaire ».

M. CHAT
Moins politique mais tout aussi interpellant dans l’environnement urbain, le gros matou jaune orangé de Thoma Vuille est visible un peu partout et, toujours, dans des endroits improbables et inaccessibles. Artiste franco-suisse dont les 1ères œuvres sont apparues à Orléans en 1997, il aime apporter un peu de couleur à nos villes souvent grises en diffusant, à la peinture acrylique, ce personnage énigmatique dont le grand sourire est inspiré du Chat du Cheshire d’Alice au Pays des Merveilles.

Fun, militant, esthétique, pluridisciplinaire… : le street art et ses créatives traductions ne cessent d’animer notre quotidien, pour le plus grand plaisir des amateurs d’art et, plus globalement, des citoyens du monde entier.


Valérie de Comme des Français

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Crédit photo : Ferdinand Feys, Jeanne Menjoulet, Galerie Perrotin, Jean-Pierre Dalbéra.