Précurseuse de l’impressionnisme, l’école de Barbizon désigne l’approche artistique adoptée par de nombreux peintres inspirés par ce village situé en lisière de la forêt de Fontainebleau. Dans cet ancien hameau de bucherons, Camille Corot et Jean-François Millet (entre autres) ont, au 19ème siècle, donné ses lettres de noblesse au genre pictural du paysage en s’inspirant de la nature et, pour la 1ère fois, en créant directement sur le motif et à l’extérieur.
Au début du 19ème le style néo-classique, notamment incarné par Jacques-Louis David, domine avec la représentation de thèmes historiques (scènes religieuses, mythologiques, guerrières). Souvent moins héroïques, les scènes choisies par les Romantiques (Géricault, Delacroix…) contribuent à maintenir la peinture de paysage à l’avant dernière place des genres picturaux tels que définis, au 17ème, par l’Académie des Beaux-Arts.
Mais plusieurs éléments vont faire bouger les lignes : tout d’abord la révolution industrielle et la forte urbanisation qu’elle provoque et qui, en réaction, redonne goût aux artistes pour tout ce qui a trait à la nature. Celle-ci devient par ailleurs accessible facilement avec le développement des chemins de fer et, grâce aux tubes de gouache plus faciles à transporter, les peintres peuvent désormais poser leur chevalet où ils veulent.
Notamment inspirés par John Constable, maître anglais du paysage exposé au Salon de 1824, plusieurs artistes parisiens empruntent alors la route menant à la forêt de Fontainebleau. Ils sont d’ailleurs tellement nombreux à répondre à l’appel de la nature que, en 1875, on en compte pas moins d’une centaine à Barbizon et ses alentours !
Travailler en plein air et d’après nature, voici le leitmotiv de ces peintres en quête de verdure et aspirant à faire du paysage le sujet même de leurs œuvres. Généralement relégué au simple statut de décor, celui-ci est ainsi magnifié dans les tableaux d’Albert Charpin mettant en scène des troupeaux ovins et bovins ou dans ceux de Jean-François Millet rendant hommage aux travaux des champs (les célèbres Glaneuses, aujourd’hui à Orsay).
La paysannerie, la nature sauvage, les multiples nuances de lumière… : leurs tableaux ne sont plus dramatiques ou démonstratifs comme dans la peinture d’histoire (le genre noble par excellence) mais simplement inspirés de la vraie vie. Une véritable révolution dans l’histoire de l’art qui inspirera, à la fin du 19ème siècle, les peintres impressionnistes faisant, eux aussi, de la nature le sujet même de leurs œuvres.
Même si le terme d'« école » de Barbizon est contestable (les peintres se relayant sur place pendant environ 50 ans ayant tous des styles très différents), un musée lui est dédié au cœur de ce charmant village de Seine-et-Marne. Dès 1927, un 1er établissement situé dans l’ancien atelier du peintre Théodore Rousseau présente des œuvres de Narcisse Diaz de la Peña, Charles Jacque ou Ferdinand Chaigneau.
Le "village des peintres" (surnom acquis dès la deuxième moitié du 19e siècle) perd ce 1er musée dans les années 30 et ce n’est qu’en 1975, lors du centenaire de la mort de Millet, que l’idée de créer un site permanent émerge. D’abord modestes, ses collections s’enrichissent après le succès d’une exposition dans le village regroupant d’importantes œuvres d’artistes ayant séjourné sur place puis, en 1981, grâce à l’agrément du Ministère de la Culture.
C’est d’ailleurs la place nécessaire à cette collection enrichie qui décidera la municipalité, en 1987, à acquérir l’ancienne auberge Ganne pour en faire le musée actuel. Dans ce lieu où résidèrent, dans les années 1870, plusieurs des peintres emblématiques du mouvement, les visiteurs peuvent ainsi s’immerger totalement dans l’histoire artistique du village.
Pour préparer votre visite, rendez-vous ici.
Valérie de Comme des Français
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