Artiste protéiforme (écrivain, dramaturge, cinéaste) Marcel Pagnol fait partie des auteurs francophones les plus populaires. Souvent autobiographiques, ses livres et films incarnent bien l’art de vivre français et ont été, de son vivant, plébiscités tant par le grand public que par la critique. Cet originaire des Bouches-du-Rhône fut en effet le 1er cinéaste élu à l'Académie française en 1946.
Né à Aubagne en 1895, ce fils d’instituteur et de couturière a su très tôt qu’il voulait être écrivain et, après des études de lettres à l'université d'Aix-en-Provence, il s’installe à Paris en 1924 et commence par écrire des pièces de théâtre. La 1ère, Marchands de Gloire, est étrillée par la critique mais cela ne décourage pas le jeune Marcel Pagnol qui, avec Topaze puis Marius, rencontre un grand succès.
Il ne s’en contente pas et, après avoir assisté à Londres à l’une des 1ères projections de cinéma parlant, il décide de se lancer dans le 7ème art. Son adaptation de Marius est un triomphe et Fanny et César, les 2 autres parties de sa Trilogie marseillaise, sont également plébiscités. Depuis ils sont devenus des incontournables de la culture français grâce à leurs nombreuses diffusions télé et/ou remakes.
Porté par ces différents succès, ce descendant d’une famille espagnole fonde, à Marseille en 1934, sa société de production et ses studios de cinéma où il fait tourner les grands acteurs de l’époque (Raimu, Fernandel…) et où il réalise, notamment, La Femme du boulanger.
Les mots qui ont un son noble contiennent toujours de belles images.
Après de nombreux autres succès littéraires et cinématographiques, il se recentre sur l’écriture en 1954, la mort de sa fille de 4 ans l’incitant à se plonger dans son histoire familiale. Cette série regroupée sous le titre de Souvenirs d'enfance regroupe 4 des livres les plus connus de l’auteur : La Gloire de mon père, Le Château de ma mère, Le Temps des secrets et Le Temps des amours.
Marcel Pagnol étant décédé en 1974, ce dernier chapitre ne fut publié qu’à titre posthume et le président du Festival de Cannes de 1960 n’assista pas non plus à la sortie au cinéma de Manon des Sources et Jean de Florette, les adaptations des 2 parties de son dernier roman L'Eau des collines.
Deux fims qui, comme dans toute l’œuvre de Pagnol, mettent en scène des habitants et des décors de sa région natale, la Provence.
Sa maison de vacances la Bastide Neuve (située en haut du hameau des Bellons dans la commune d'Allauch), les chemins sinueux menant au massif du Garlaban et sa grotte du Grosibou mais aussi Marseille et ses très animées terrasses de café ou encore le château de La Buzine (au cœur de son roman Le château de ma mère et qu’il racheta en 1941).
Ces lieux sont, à l’instar des truculents habitants à l’accent chantant de ses romans, des personnages à part entière.
En témoignant d’une époque et d’un mode de vie révolus, l’œuvre de Marcel Pagnol fait désormais partie du patrimoine culturel français. Prosper Mérimée, le 1er recenseur des monuments historiques, aurait donc sûrement été flatté - à près d’un siècle d’écart - de transmettre son siège de l’Académie française à l’auteur, le patrimoine immatériel qu’il nous a légué ayant, tout autant que nos châteaux, contribué à faire rayonner la France dans le monde.
Valérie de Comme des Français
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